Comment réagirais-tu si le numéro 1, 2 ou 3 de l’entreprise dans laquelle tu es employé venait prendre place tout juste à côté de toi sur une tablée lors d’un déjeuner d’entreprise ? Ressentirais-tu cette sorte d’intimidation que, dans notre imaginaire, les figures de proue d’une structure dégagent nécessairement ? Laisserais-tu leur charisme te faire te rapetisser et vouloir disparaître ou saurais-tu garder ton sang froid et entretenir une conversation mémorable avec eux ?
Les journées de formation en entreprise et les moments conviviaux qui s’en suivent peuvent être des occasions de briser la routine dans le monde corporatif et de quitter momentanément sa zone de confort délimitée par les collègues et les contextes auxquels l’on s’est déjà habitué.
Lorsque le Haut Cadre prend place à table à ma gauche, mon ambition de l’écouter calme mon stress. Pour apprivoiser entièrement mon stress, la mémoire me bascule pour quelques instants à de nombreux mois auparavant.
Nous nous trouvons dans un aéroport international, mon collègues commercial et moi, en attente d’embarquer pour aller rendre visite à des clients. Je m’absente quelques minutes et, à mon retour, je trouve mon collègue en train de discuter avec un haut gradé. Au moment où je m’approche, ils sont en train de se congédier. En quelques minutes seulement, ils ont eu une conversation aussi brève que riche. Car, outre la même expertise et expérience sur le terrain, ils partagent un même langage. Intriguée, j’interroge mon collègue. Le précepte qu’il me prodigue s’est gravé dans ma tête et j’y pense toutes les semaines, notamment les dimanches soir, lorsque le blues du retour au travail se fait sentir.
“Si tu es un travailleur consciencieux et que tu rencontres inopinément un haut cadre, c’est ton occasion pour lui passer autant de messages que possible. Des messages tournés à améliorer la situation, lui mettre des puces constructives à l’oreille, lui suggérer des solutions à des questions d’actualité pour votre secteur et lui transmettre des informations pertinentes.” — Mon collègue commercial multilingue
Déjeuner avec les hauts cadres de l’entreprise
3 facteurs feront de ton déjeuner avec le haut cadre une conversation réussie : tes fondations, son élocution (tes questions) ainsi que le pitch de toi.
Tout le temps que tu auras passé au sein de l’entreprise doit te servir à faire face à ce moment. Tu as construit des fondations pour arriver à ce moment.
Tes fondations : tu t’applique à bien travailler, tu fournis de la qualité dans tous ce que tu fais, tu démolis tes penchants naturels vers la médiocrité chaque jour, tu ne t’économise pas (même si tu as l’impression que l’entreprise, elle, s’économise en ce qui concerne ton salaire…).
Si tu as envie d’objecter que travailler qualitativement et ne pas s’économiser quand justement l’entreprise, elle, s’économise sur ta rémunération ne sert à rien, je t’arrête tout de suite avec cette citation de l’afropreneur Philippe Simo sur le pourquoi tu dois quand même donner ton meilleur dans le monde corporatif :
“ Dès maintenant où tu es salarié, il faudrait que tu apprennes à travailler dur. Malheureusement, comme beaucoup de gens n’aiment pas leur job, ils font de la paresse. […] Il faut que tu saches que, quand tu travailles dur en entreprise, tu n’es pas en train de faire du bien à ton patron simplement.Tu es en train de faire du bien à toi-même, à ton organisme, à ton corps. Parce que tu es en train de t’habituer à un rythme de travail que tu vas avoir demain quand tu seras à ton propre compte. […]Donc commence à travailler dur dès aujourd’hui. Que ce soit dans tes études ou dans ton boulot, sois reconnu comme un […] bosseur, ou une bosseuse. Que ce soit ça, ta réputation. […] Laisse ton travail témoigner pour toi. “
— Philippe Simo, “6 choses à faire absolument avant de créer ton business”, Investir au Pays, 11 mars 2020
Ce sont d’abord ces fondations qui te feront vaincre ton éventuelle timidité et qui te favoriseront lorsque tu voudras briser la glace avec le haut cadre.
L’élocution du Haut gradé (provoquée par tes questions) : Dans un secteur international, le sujet des pays/langues peut être un joli sujet pour ouvrir une conversation. Pour ça, tu devrais avoir au moins une idée de la carrière de ton interlocuteur et poser des questions pertinentes, c’est-à-dire en lien avec son parcours :
– Donc vous étiez en tel ou tel “nom d’un ou de plusieurs” pays…
–Comment cela s’est fait, pourquoi avez-vous choisi ce pays-là ?
J’ai découvert que ce type de questions reçoit rarement une réponse laconique. La plupart des gens ont envie de te raconter comment ils se sont retrouvés dans tel ou tel pays. Et souvent, ce récit est l’occasion pour eux même de se remémorer les faits. Parfois, dans le ton de leur voix, on décèle comme une émotion qui refait surface, ou qui a eu le temps, avec tout le temps qui s’est écoulé, d’éclore…
Mon interlocuteur me raconte avec un certain amusement qu’il avait accepté le poste avant même de connaître la localisation géographique du pays ! A l’aide d’une mappe (à l’époque il n’y avait pas google maps…), il s’était rendu compte d’avoir dit oui à une belle opportunité professionnelle, de l’autre côté du globe !
Si tu n’es pas un profil technique en tant que tel et que tu es en début de carrière, pose des questions qui connectent son parcours au sujets qui te taraudent (sujets du domaine de ton développement professionnel, par exemple :
–Croyez-vous que votre rôle au sein de telle entreprise [nom de l’entreprise si tu l’as retenu, ou alors le secteur] dans tel pays lointain a accéléré votre développement professionnel davantage que si vous étiez resté dans votre pays d’origine ?
–Qu’est-ce que la période à tel rôle au sein de telle entreprise dans tel pays lointain a changé dans votre rapport au monde ?
A cette question le haut cadre avec qui j’ai le plaisir de discuter aujourd’hui m’explique qu’il a certainement appris à prendre les choses avec beaucoup plus de philosophie lorsqu’un événement naturel tragique a provoqué la disparition de toute une population rurale et qu’il a quand même fallu se remettre au travail aussitôt afin de prouver au gouvernement du pays que l’activité de son entreprise possédait les conformités nécessaires, démonstration que son entreprise qui – contrairement aux concurrents qui avaient eu besoin parfois de plusieurs mois – possédait toutes les cartes en règle, avait réussi à effectuer en 6 jours !
Un haut gradé est également un évaluateur des professionnels qui travaillent dans l’entreprise, et il finira, surtout s’il ne te connais pas, par te poser des questions sur toi, sur ce que tu accomplis dans l’entreprise, sur tes aspirations, sur comment tu te vois d’ici 5 ans…. Sois préparé. Sache faire le pitch de toi.
Le pitch de toi : Sache parler de ton rôle, des changements constructifs auxquels tu as assistés depuis que tu as intégré l’entreprise, des challenges et de ta contribution et exprime-toi avec appétit, mentionne la personne qui t’a donné la chance d’intégrer l’entreprise in the first place (démontre au moins un peu de la gratitude que tu ressens). D’une certaine façon, faire le pitch de toi à un haut cadre que tu rencontres rarement ressemble à un entretien annuel. Alors, parle de ce que tu as fait et fais-le en donnant envie au haut cadre de te promouvoir auprès des personnes compétentes ou alors de les persuader à promouvoir ta rémunération.
Le pitch de toi : Sache parler de ton rôle, des changements constructifs auxquels tu as assistés depuis que tu as intégré l’entreprise, des challenges et de ta contribution et exprime-toi avec appétit, mentionne la personne qui t’a donné la chance d’intégrer l’entreprise in the first place (démontre au moins un peu de la gratitude que tu ressens). D’une certaine façon, faire le pitch de toi à un haut cadre que tu rencontres rarement ressemble à un entretien annuel. Alors, parle de ce que tu as fait et fais-le en donnant envie au haut cadre de te promouvoir auprès des personnes compétentes ou alors de les persuader à promouvoir ta rémunération.
Nous avons passé un agréable déjeuner. Je ne voulais pas perdre un seul fragment des réponses et récits de ce haut cadre de l’entreprise. Si bien qu’apparemment, je pendais de ses lèvres et on aurait pu être en tête en tête. J’ai beaucoup appris. Et, suivant le précepte prodigué par mon collègue, j’ai passé au moins un message. Lequel ?
Entre temps, voici le 3 takeaways principaux de mon déjeuner avec le haut cadre :
1) Pour arriver au sommet, il faut être ouvert d’esprit par rapport aux opportunités, donc il faut savoir quitter sa zone de confort
2) Il faut apprendre à gérer ses émotions face aux tragédies
3) Il faut se préparer et avoir les papiers en règle afin de pouvoir rebondir avec promptitude face aux contraintes.
Livres recommandés sur comment apprendre à poser des questions agrégateurs de valeur et à progresser dans un environnement inconnu/hostile :
“Great leaders ask great questions” de John C. Maxwell
“How to Win Friends and Influence people” de Dale Carnegie
“Femme d’audace” de Afiwoa Koudri.
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